Nyse Group et Euronext ont franchi une étape significative vers leur fusion et la création de la première Bourse transatlantique et mondiale.
"Nous estimons que le rapprochement à lui seul offre la possibilité d'un leadership mondial et préserve le modèle fédéral d'Euronext qui permet d'autres rapprochements en Europe", a souligné vendredi Jan Michiel Hessels, président du Conseil de surveillance d'Euronext, lors d'une conférence de presse organisée au lendemain de l'annonce de la fusion.
De son côté, le PDG d'Euronext Jean-François Théodore a indiqué que la Bourse paneuropéenne, qui fédère les Bourses d'Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Paris et le marché de dérivés londonien Euronext.Liffe, n'était plus en contact avec Deutsche Börse. La Bourse de Francfort avait réitéré peu avant sa volonté de se rapprocher d'Euronext.
Jan Michiel Hessels s'est dit ouvert à d'autres propositions mais, mentionnant l'accord avec New York, il a tenu à préciser : "Nous avons signé et nous sommes engagés".
Quant au directeur général du Nyse, John Thain, il a refusé de préciser s'il modifierait son offre en cas de contre-proposition de Deutsche Börse.
La fusion, quand elle sera effective, donnera naissance à société américaine baptisée "NYSE Euronext" dont la capitalisation boursière sera de quelque 16 milliards d'euros et qui valorise Euronext à environ 7,8 milliards d'euros.
NYSE Euronext sera la plus vaste et la plus liquide des Bourses mondiales avec une capitalisation boursière cumulée des sociétés cotées de l'ordre de 21.000 milliards d'euros et un volume d'échange de l'ordre de 80 milliards d'euros par jour.
John Thain, actuellement directeur général du Nyse, prendra la tête de la nouvelle entité, tandis que Jean-François Théodore, le président d'Euronext, deviendra son adjoint et sera chargé des activités internationales. Jan Michiel Hessels sera le président de la holding et Marshall Carter, président du NYSE, vice-président.
Les changements dans la structure de gouvernance seront soumis à des votes à la majorité qualifiée.
Le siège de la nouvelle entité sera situé à New York et les sièges internationaux à Paris et Amsterdam, qui seront les centres opérationnels pour ses activités internationales. Londres sera le centre des activités de dérivés.
RATIONALISATION INFORMATIQUE
Le conseil de Nyse-Euronext comprendra onze administrateurs nommés par le Nyse et neuf par Euronext. John Thain a souligné qu'un des grands apports d'Euronext était le pôle dérivés et les compétences informatiques, notamment celles d'Atos Euronext Marcket Solution.
Aux termes de l'accord, chaque action Nyse sera convertie en une action ordinaire Nyse Euronext. Les actionnaires d'Euronext se verront proposer le droit d'échanger chacun de leur titre pour 0,980 action Nyse Euronext et 21,32 euros en cash. Ils recevront également un dividende exceptionnel de trois euros promis par Euronext en début d'année.
Deux offres subsidiaires en numéraire ou en titres seuls seront proposées.
Selon diverses estimations d'analystes et sur la base du cours de Nyse de jeudi, Euronext est ainsi valorisé autour de 70 euros, dividende exceptionnel inclus.
Les dirigeants d'Euronext ont souligné que ce partenariat permettrait d'étendre le modèle d'Euronext en vue d'une consolidation accrue des Bourses européennes.
Des discussions vont être ouvertes dans les prochains jours avec Borsa Italiana, a indiqué Jean-François Théodore.
Nyse compte lancer l'offre d'échange d'ici six mois, après avoir reçu l'aval des autorités de tutelle et des actionnaires des groupes. Les deux partenaires ne s'attendent à aucun obstacle sur le plan de la concurrence.
PASSAGE A DEUX PLATES-FORMES D'ICI TROIS ANS
Nyse Euronext compte générer des synergies de coût de 214 millions d'euros sur trois ans, le plus gros provenant de la rationalisation des systèmes informatiques. A ces économies s'ajouteront un surplus de chiffre d'affaires estimé à 78 millions d'euros sur trois ans, via notamment de nouveaux produits.
"Ces estimations sont prudentes et sont réalisables", a dit John Thain.
Les trois systèmes de négociation de marchés actions et les trois systèmes de négociations de marchés dérivés existant au Nyse et chez Euronext doivent migrer vers deux plates-formes d'ici à trois ans : une pour les actions et l'autre pour les dérivés, la technologie retenue étant celle d'AEMS.
Les 10 centres de traitement des données (six aux Etats-Unis, quatre en Europe) seront réduits à quatre, reliés entre eux (deux aux Etats-Unis, deux en Europe).
Les marchés de Nyse Euronext dépendront de leurs autorités de régulation locales, autrement dit ceux d'Euronext par les régulateurs européens et les marchés américains par la SEC.
Enfin, il a été indiqué que les sociétés cotées sur les places européennes ne seront pas soumise à la loi américaine Sarbanes Oxley. Cette loi, votée à la suite des scandales comptables de type Enron, impose aux entreprises des règles très strictes en matière de publication des résultats.